Les Aventures de Del Golpe à Ibiza - 7e jour : Mardi noir. Une tragédie de la fête.

On frappe violemment à ma porte. J’ouvre l’œil complétement dans les vaps. Que se passe-t-il ? C’est déjà la femme de ménage qui vient faire la chambre ? Serait-il midi passé déjà ? Il ne me semble pas  avoir dormi tant que ça. Je regarde l’heure. 8h30. Je ne comprends pas. Pas le temps, on ouvre déjà ma porte et j’entends deux personnes se diriger vers l’autre chambre de l’appartement rapidement. Je me lève précipitamment ! Mais que font-ils ? Ce sont un des réceptionnistes et une femme de ménage. Qu’est –ce que j’ai bien pu faire pour qu’ils aient l’air si inquiet et si paniqué ? J’interpelle le réceptionniste et je lui demande ce qui se passe. Il me répond en anglais rapidement. Sur le moment, je ne digère pas l’information. Un jeune anglais, ivre, est tombé de plusieurs étages et il est dans la mini-cour dont la fenêtre de l’autre chambre de mon appart donne accès.

Silence pesant... Puis quelques secondes après,...

Il me précise qu’il est mort et que les secours arrivent...Je ne comprends pas, ou je ne veux pas plutôt. Pendant que je dormais, un homme est mort à 3-4 mètres. Il me dit d’aller redormir. Je ferme la « porte » (qui est un espèce d’éventail en plastique) et je me réfugie dans mon lit. A ce moment seulement, je prends conscience de ce qui vient de passer. J’entends dans le couloir comme un bruit de liquide qui tombe : une femme vient de vomir sûrement après avoir vu le corps inerte. Alors va suivre un important aller et venue qui va durer plus de deux heures, de policiers, de secouristes et j’en passe. J’entends tous les détails : le corps qu’on déplace, la fermeture du sac mortuaire,…

A 11h, n’ayant pas fermé l’œil et n’entendant plus aucun bruit, je sors de ma tanière. La porte de l'appartement est grande ouverte mais personne dans le couloir ni dans l'autre chambre. Je dirige mon regard vers l'autre chambre. Celle-ci dont les meubles ont été rassemblés à un coin de la pièce pour faciliter les manoeuvres sûrement  n’a pas été nettoyée. Une odeur forte et désagréable s’imprègne dans mes narines : Du sang repose en grande quantité sur le sol et sur le mur près de la fenêtre suite au déplacement du corps, je pense.Et ce n’est rien comparé à ce que je vois dans cette cour si minuscule. Je suis sous le choc, non pas par la vue de tout ce sang mais  par rapport à ce qu'il symbolise : la mort d'un jeune anglais. Je prends quelques affaires et je vais dans le centre-ville, voulant à tout  prix fuir cette scène morbide. Je retournerai à la chambre qu’une heure plus tard pour prendre des affaires de plage. A ce moment, une vieille personne est en train de nettoyer la chambre et la cour. L’odeur du sang s’est mêlée à celui des produits chimiques. Je prends alors mes affaires de plage et je m’en vais rapidement ! En descendant, une autre réceptionniste m’interpelle : elle veut s’excuser pour le dérangement. Elle a les larmes aux yeux, les mots pour essayer de la réconforter ne me viennent pas : ma gorge est serrée. La joie de vivre et le sourire d’un coup me quittent, touché de plein fouet par le revers de la fête, celui qu’on ne veut pas connaître. La solitude, qui ne m’avait pas gênée jusque-là, s’abat sur moi, telle l’épée de Damoclès qu’on coupe. Cette nuit, la fête a emporté une vie. Mais combien d’autres, cette nuit-là, ont fini en overdose ou en coma éthylique ?

Je décide alors d’aller à la Platja de Tarida. Je me pose là-bas et  j’essaye désespérément de fermer l’œil n’ayant pour le coup dormi que 1h30. Impossible ! Je pense à l’ami qui va devoir annoncer la nouvelle à la famille une fois remis de son ivresse, à la famille détruite qui va devoir vivre avec la souffrance jusqu’à la fin. Triste journée.

 

Mes vacances prennent un autre tournant. Je décide de me changer les idées et d’aller au Blue Marlin, bar-plage qui devait accueillir afrojack. Je retourne à l’appartement déposer mes affaires de plage. Bien que toutes les fenêtres soient ouvertes, l’odeur est toujours là. Le lieu est imprégné à jamais.

Vers les 18h30, j’arrive enfin au Blue Marlin, une sorte de Nikki Beach local. L’entrée est gratuite. Ici que des gens assez aisées : américains, anglais, espagnols, quelques français. Je prends un verre de rosé. Le lieu est très chic, de blanc vêtu et donne sur une crique de galets. Le résident est aux platines et livre un son tech-house. Je vide la tête et commence à me trémousser. A 19h30, Afrojack arrive enfin avec  toute sa troupe. Il livre un set très commercial qui plaît néanmoins à cette clientèle huppée. Je retrouve un français rencontré à l’agence de location de voiture qui vient pour la 6^e fois ici. On discute de nos soirées respectives.

  

A 21h, je quitte le Blue Marlin pour aller au Café Mambo où Eric Prydz assure un set en pre-party de la soirée Together à l’Amnesia réunissant Crookers, Steve Aoki, Eric Prydz, Skrillex. J’arrive à 21h15. Il passe son dernier morceau. Son set ne commençait pas à 21h30 comme je le pensais mais à 20h30. Raté ! Je retrouve mon français avec qui on décide d’aller au Burger King. Au moins ça fait de la compagnie. J’hésite à sortir ce soir étant trop fatigué mais je n’ai pas envie de rester dans ma chambre. Je prends alors une prévente pour la soirée Carl Cox Révolutions au Space.

J’arrive au Space vers les 1h00. Malgré le Red Bull bu avant , je commence vraiment à accuser le coup niveau fatigue. Je redécouvre ainsi ce club, avec sa salle principale assez grande et sa « terrasse » emblématique. Il y a aussi de nombreuses autres salles plus posées. Bref une autre nouvelle fois, c’est grand, très grand. A 1h00, la salle principale est remplie. Just Be joue un son techno mainstream Bien que je ne connaisse pas très bien ce style, j’apprécie. L’ambiance est aussi au rendez-vous. A 3h00, je fatigue énormément. Je décide de me poser sur un banc dans la terrasse et je commence à piquer du nez. Oula c’est grave. Je me ressaisis  je vais danser sur le son techno de Carl Cox. Bien que son set me plaît, je n’en peux plus. A 3h45, je quitte le space d’autant plus que j’avais décidé d’aller en excursion à Formentera, une autre île à 30min de bateau, le lendemain. A  4h20, j'arrive à l'hôtel, je ferme la "porte" qui sépare les deux chambres comme pour oublier l'événement de ce matin et à 4h30, pris de fatigue, je m'endors.